
La hausse des prix a été très supérieure aux attentes en avril, relançant les inquiétudes autour de la politique monétaire.
Le 12 mai dernier, les chiffres de l’inflation américaine ont provoqué une violente secousse à Wall Street, où le Nasdaq Composite a chuté de 2,7% tandis que le taux des Treasuries à 10 ans est remonté vers 1,7%.
Si le trou d’air n’a pas duré – les indices boursiers ont regagné en deux jours tout le terrain perdu – il a durablement frappé les esprits. Après cet épisode, il ne fait plus de doute que la thématique d’un retour de l’inflation est devenue centrale sur les marchés.
La statistique à l’origine de ce bref séisme est ressortie très au-dessus des attentes. En avril, l’inflation aux États-Unis a atteint 0,8% sur un mois et 4,2% sur un an, là où le consensus attendait respectivement 0,2% et 3,6%.
Scruté par la Réserve fédérale, le noyau dur, qui ne tient pas compte des prix les plus volatils (énergie et alimentation), s’élève à 0,9% sur un mois, un niveau jamais atteint depuis avril 1982 ! Le signe que le regain d’inflation dépasse le simple effet de base lié à la faiblesse des prix il y a un an, en plein confinement.
Certes, un chiffre sur un seul mois ne fait pas la tendance. Les banques centrales restent d’ailleurs convaincues que l’accélération des prix, symptôme d’une économie qui redémarre en sortie de crise sanitaire, ne sera que temporaire.
La Fed a ainsi ramené le calme sur les marchés en écartant la perspective d’un emballement durable qui l’obligerait à resserrer prématurément sa politique monétaire.
Mais beaucoup d’économistes ne se montrent pas aussi tranchés. Ils s’interrogent en particulier sur les effets à moyen terme de la politique budgétaire très expansionniste des États-Unis.
Joe Biden, qui après 1.900 milliards de dollars de mesures de soutien veut faire voter un plan d’investissements géant en deux volets, est décidé à mettre l’économie sous tension. Avec pour objectif affiché de favoriser des augmentations de salaires et de réduire les inégalités.
«Nous sommes dans une expérimentation un peu inédite aux États-Unis, où la politique économique vise à pousser l’économie vers une surchauffe temporaire afin d’assurer un retour vers l’emploi plus rapide et mieux ancrer les anticipations d’inflation. Il est toujours possible que cette expérimentation réussisse, mais entretemps le marché sera confronté à bien des surprises et les anticipations pourraient déraper», analyse Sebastian Paris Horvitz, directeur de la recherche à La Banque Postale AM.