
50% des algériens considèrent la diversité culturelle et la tolérance importantes pour la prospérité de la société. 62% pensent que les personnes doivent avoir les mêmes droits et opportunités, quelle que soit leur confession. Seuls 39% considèrent la diversité comme menace pour la stabilité de la société.
Dans une vaste enquête, rendue publique ce mois de décembre, menée par La Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh, présidée par la princesse Rym Al-Ali (fille du diplomate algérien et ex ministre des Affaires Etrangères Lakhdar Ibrahimi) sur les tendances interculturelles dans la région euro-méditerranéenne, il s’avère que tous les pays de la région s’accordent sur l’importance, entre autres, du rôle des arts pour combler les différences entre les pays et réduire la division entre les cultures. D’où la pertinence de cette enquête réalisée, avec la collaboration de l’entreprise de sondage IPSOS, auprés de plus de 13 000 personnes dans 13 pays, dont l’Algérie avec des conclusions révélatrices à plus d’un titre de ce façonne le présent avec un impact indéniable dur l’avenir. En termes de diversité culturelle et tolérance, les résultats illustrent que 50% des algériens considèrent la diversité culturelle et la tolérance importante pour la prospérité de la société. 62% pensent que les personnes doivent avoir les mêmes droits et opportunités, quelle que soit leur confession. Seuls 39% considèrent la diversité comme menace pour la stabilité de la société. Par ailleurs, 50% des répondants ont indiqué que les programmes d’échange sont « très efficaces » et 37% « plutôt efficaces », pour prévenir des discours de haine et des opinions culturelles opposées.
Les algériens favorables aux interactions culturelles avec d’autres pays
Malgré une culture à tendance conservatrice, les algériens se disent ouverts au changement. Plus de 84 % des Algériens interrogés ont des parents dans un pays européen et, parmi eux, 44 % pensent que l’interaction avec des personnes d’autres pays et cultures a eu un impact positif sur leur vision du monde, par rapport à seulement 12% qui disent que cette interaction a eu un impact négatif. La majorité des algériens se disent favorables aux rencontres interculturelles pour explorer de nouvelles cultures et mode de vie. Néanmoins il subsiste des barrières qui entravent ces rencontres. 75% des répondants ont cité les difficultés d’obtention d’un visa, 68% ont cité la langue, la religion n’est pas perçue comme un grand obstacle, elle citée par seulement 49% des répondants, 55% pour ce qui est des barrières économiques et 58% pour les tensions ou conflits culturels.
La religion élément central dans l’éduction des enfants
L’enquête démontre que l’Algérie est un pays conservateur qui fonde ses valeurs clés sur les croyances et pratiques religieuses. Plus de 50 % des algériens considèrent la religion centrale dans l’éducation des enfants, tandis que seulement 7 % accordent la priorité au respect des autres cultures.
Seulement 25% des algériens pensent que la femme devrait être plus présente en politique
86% des algériens souhaitent voir les femmes assumer un rôle encore plus important dans la garde des enfants et de la maison. 70% pensent qu’une carrière dans le secteur l’éducation, dans les arts ou encore la culture serait plus appropriée car jugé ‘’moins exigeantes’’. Une proportion de 25 % pense que les femmes devraient jouer un rôle plus important dans le gouvernement et la politique.
L’avancée digitale réduit sensiblement les barrières culturelles
Les résultats de l’enquête révèlent une grande corrélation entre l’échange interculturel et l’avènement du digital en Algérie. 74% des répondants ont déclaré avoir déjà interagi avec une personne d’un pays européen via Internet ou les réseaux sociaux. 81% des algériens sont « tout à fait d’accord » sur le fait que la technologie numérique peut jouer un rôle important pour faciliter le dialogue entre des personnes de cultures différentes. 71% sont « tout à fait d’accord » sur le fait que les outils numériques peuvent améliorer le dialogue et réduire les barrières culturelles.
Créée en 2005, la Fondation Anna Lindh est une organisation internationale établie par les pays du partenariat euro-méditerranéen (Euro-Med) et l’Union européenne (UE) dans le cadre du Processus de Barcelone en tant qu’institution centrale pour le dialogue interculturel entre les peuples de la région. Par ses actions et ses réflexions, celle-ci vise à contribuer au développement d’une stratégie interculturelle pour la région euro-méditerranéenne, en fournissant des recommandations aux décideurs et aux institutions et en défendant des valeurs partagées.
Linda Chergui